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Berlinale, épisode combien déjà?

Le temps file, et l’envie de profiter des derniers instants berlinois a tendance à primer sur les films. S’enfermer au ciné, c’est merveilleux mais parfois contrariant quand la ville est si géniale (je suis présentement en train d’essayer de ne pas regretter le film que je viens de décider de louper). Bref.

La journée ciné d’hier fut courte mais extrêmement intéressante. D’abord, « Le cheval de Turin », de Bela Tarr. Je fais partie des incultes qui n’avaient jamais rien vu de lui avant, mais on m’avait prévenue que ce serait une expérience. Je n’ai pas été déçue… Photo incroyable, plans séquences sans fin, atmosphère de fin du monde, il ne se passe quasiment rien dans ce film, et pourtant il ne lâche jamais son spectateur. Enfin, en théorie, parce que dans le ciné où je l’ai vu, une bonne dizaine de personnes est partie avant la fin. Les survivants, eux, ont crié au génie. Moi, scotchée, j’ai quand même eu un fou rire nerveux en plein milieu, quand j’ai tout à coup pensé qu’on pourrait aussi se trouver devant le plus gros cliché du film chiant: un film hongrois sous-titré en allemand, en noir et blanc, avec en tout et pour tout 30 plans et à peine quelques dialogues… Et pourtant, c’est tout sauf chiant. Bref, gros coup de génie de Bela Tarr.

Le second film est à mon avis le gagnant de cette Berlinale. « Nader et Simin, une séparation » raconte l’Iran d’aujourd’hui à travers une famille de la classe moyenne, dont l’équilibre, déjà fragile, est bouleversé par un fait divers. A la fin, pas de hourras dans le public, mais de longs, très longs applaudissements. L’intelligence du film consiste à raconter la société iranienne contemporaine à travers la vie de cette famille: le mariage, la religion, la justice, l’éducation etc. Ici, il n’est pas question de révolution politique, ni d’histoire, mais juste du quotidien iranien dans une famille finalement comme les autres. C’est remarquablement fait, et l’ours d’or serait logique. Réponse ce week-end.